« La thermographie infrarouge permet de repérer les défauts d’isolation »
Inventées à la fin des années 50 pour des applications militaires, les caméras thermiques permettent de filmer les rayonnements infrarouges. Dans le bâtiment, elles sont essentiellement utilisées pour identifier les déperditions thermiques, c’est-à-dire les fuites de chaleurs ou les défauts d’isolation. Créée en janvier 2009, l’Association Française de Thermographie Infrarouge en Bâtiment (AFTIB) compte déjà une centaine de membres. Cleantech Republic a rencontré son président, Jacques Amsellem, serial entrepreneur dans le bâtiment depuis plus de quinze ans.
Cleantech Republic : En quoi la thermographie infrarouge est-elle l’alliée de l’éco-bâtiment ?
Jacques Amsellem : D’abord parce qu’elle permet de repérer les défauts d’isolation. Il est important de détecter les déperditions, mêmes minimes, car à l’instar d’une chaîne, c’est le maillon le plus faible qui détermine la qualité thermique d’un ouvrage. Par exemple, une fenêtre double-vitrage dont le cadre est mal installé sera complètement inefficace. On détecte aussi très bien les ponts thermiques entre les planchers d’un immeuble et les murs extérieurs. Une autre utilisation consiste à repérer les réseaux de chauffage en absence de plan. D’autres applications sont moins fréquentes, comme la recherche des causes d’humidité ou le contrôle de tableaux électriques. (ndlr : les faux contacts provoquant un échauffement localisé sont parfois la cause d’incendies).
Pourquoi avoir créé une association dédiée à cet outil ?
Etant moi-même un utilisateur, j’ai vu le prix des caméras infrarouges baisser fortement ces dernières années. On trouve aujourd’hui du bon matériel à partir de 5000 euros, ce qui le met à la portée d’un grand nombre de personnes, professionnels du bâtiment ou non. Il nous a paru utile, voire indispensable, d’organiser la pratique de la thermographie infrarouge dans le bâtiment. A la fois pour préserver notre crédibilité de professionnels bien sûr mais aussi pour informer les clients, et faire connaître les avantages de cet outil.
En quoi réside la complexité d’utilisation d’une caméra infrarouge ?
Ce sont surtout les conditions d’utilisation et l’interprétation des résultats qui demandent de véritables compétences. Lors des mesures, les pièges sont nombreux. De notre point de vue, seul un professionnel du bâtiment expérimenté est en mesure d’analyser les clichés et de prendre les décisions adéquates qui en découlent. De plus, il est vivement conseillé que les mesures et leurs interprétations soient effectuées par la même personne car les conditions de prise de vue peuvent influencer très significativement les résultats. En clair, la thermographie n’est pas un métier, que l’on pourrait sous-traiter à un spécialiste, mais un outil qu’un bon professionnel du bâtiment se doit de maîtriser.
Concrètement, comment l’AFTIB fait-elle progresser le secteur ?
Principalement en organisant des sessions de formation sur deux jours : une journée de théorie suivie d’une journée de mise en pratique sur le terrain. Le tout pour 1150 € HT, adhésion à l’association incluse (ndlr : adhésion à partir de 230 € HT, puis variable en fonction du nombre de salariés). Déjà plus de cinquante professionnels du bâtiment, essentiellement des artisans, ont suivi ces formations d’initiation. Nous espérons former environ 200 personnes en 2010. Des modules plus spécialisés seront également proposés. Enfin, un annuaire des opérateurs en thermographie infrarouge est disponible sur notre site web.
Ces formations sont-elles qualifiantes ?
L’AFTIB est déclarée comme centre de formation professionnelle mais il n’existe ni diplôme ni certificat de « thermographiste infrarouge » en France. Une piste de réflexion serait de créer une option dans les formations initiales existantes, BTS ou CAP. Diplôme ou pas, un professionnel engage sa responsabilité lorsqu’il conseille des travaux à son client sur la base d’une mesure thermographique. Il a donc tout intérêt à maîtriser ce nouvel outil. D’ailleurs les artisans le comprennent bien et sont demandeurs. Nous sommes du reste fréquemment sollicités par d’autres centres de formation dans le bâtiment qui souhaitent ajouter la thermographie à leur catalogue.
Il n’y a donc aucune réglementation en la matière ?
Oui et non. Il existe bien une norme européenne régissant les protocoles de mesures thermographiques dans les bâtiments neuf, mais elle n’a jamais été traduite en droit français. En tout cas, elle n’est pas appliquée. Nous y travaillons tout en réfléchissant à sa déclinaison pour les constructions existantes C’est un travail de longue haleine. A court terme, nous nous concentrons sur la formation et sur le soutien au secteur. Cela se concrétise notamment par des actions de communication comme la participation à des salons professionnels et grand public.
--> Site source : http://www.cleantechrepublic.com/2009/07/20/la-thermographie-infrarouge-permet-de-reperer-les-defauts-d-isolation/
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